jeudi 17 septembre 2009
Ran Corvo (chronique bédéphile express)
En 1990, dans l'indifférence générale, paraissait aux défuntes éditions Zenda cet album étrange. En fait, ce fut un bide retentissant, qui faillit bien plomber à jamais la carrière des auteurs, et la saga Ran Corvo fut tuée dans l'œuf.
Le dessinateur Fred Blanchard et les scénaristes Doug Headline (qui n'est autre que le fils de l'écrivain Jean-Patrick Manchette, et qui est aussi journaliste et cinéaste à ses heures) et Stéphane Salvetti avaient pourtant signé là une bande dessinée de SF loufoque qui marqua les esprits de ses rares lecteurs, une poignée d'élus dont j'ai eu la chance de faire partie. A tel point que les dialogues de Ran Corvo sont devenus une source inépuisable de private jokes entre mon frère et moi (mon frère, vous savez, celui qui a son site ici).
Ran Corvo est un agent du MIF, organisation au sein de laquelle il a atteint, on ne sait trop comment, le grade de major. A la tête d'une incroyable équipe de bras cassés, Corvo passe son temps à déclencher des catastrophes aux proportions galactiques. Son ego ne s'en trouve jamais affecté, pas plus que sa mégalomanie. Un héros franchement idiot et parfaitement antipathique, comme on les aime.
Dans cet album, Ran Corvo et ses acolytes ont pour mission de détruire la Manuf, qui « inonde les mondes connus d'articles à bon marché expédiés dans des pak-posts multiformes capables de se transformer en tueurs sans pitié s'ils sont menacés »... Nos héros testent des gadgets foireux, se retrouvent empaquetés, impliqués malgré eux dans le Grand Concours de Brutalité (atrocités artistiques avec figures imposées), se déguisent, élaborent des plans encore plus foireux, font escale sur Ad Patres, « planète de la paix et de la joie », où la misère est violemment éradiquée par des escadrons de flying padres, puis fomentent la révolte des Patatapates contre les agriculteurs capitalistes qui les persécutent...
Sur un scénario riche en rebondissements jamesbondiens, Blanchard (qui illustra entre autre le magazine « Science & Vie Junior ») se laisse aller à son pêché mignon : le design SF techno-kitsch. Dans le domaine, il assure. Cet escroc de Bilal peut se rhabiller.
Avec un peu de chance, vous pourrez trouver « Ran Corvo » chez un bon bouquiniste, en attendant une improbable réédition... Aaaah, les bouquinistes! C'est quand même mieux qu'Amazon, n'est-ce pas?
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4 commentaires:
NAVR O'COR, majorette suppléante du F.I.M.F.I.M.(Fondation Indépendantiste Militantissimement Fondamentalement Irréaliste Muette)
s'exprime en langage des signes, agitant ses ptites menottes dans l'air...
"Bravo! Bravo!" veut-elle dire
Comme on la comprend!
"Aaaah, les bouquinistes ! C'est quand même mieux qu'Amazon, n'est ce pas ?" Quelle belle phrase !!!! Quel orateur !! Du grand art ! Bref... je suis tout à fait d'accord avec toi car je fouine bien souvent chez les bouquinistes à la recherche de quelques bonnes perles (dernièrement, je me suis dégotté un bon Pichard pour pas cher. J'aime beaucoup cet auteur). Ceci dis, je regarderai à l'occasion si je ne croise pas la route de RAN CORVO sur les étales. Bien à toi...
Que ferait Vincent le Vautour face à ce blog?
Sun Ta Yep : ton enthousiasme naturel me va droit au coeur.
Freedo : Pichard! Un dessinateur extraordinaire et malheureusement méconnu, et régulièrement ignoré par les historiens et théoriciens de la BD... Et pourtant, "Ulysse", "Caroline Choléra", "Blanche Epiphanie"... Raaaaalalaaaa.
Coronal : je me le demande souvent...
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